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  • : Le Blog de Wilfried Léandre HOUNGBEDJI
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  • Wilfried Léandre HOUNGBEDJI
  • Journaliste et écrivain béninois engagé. Auteur des livres: Liberté et Devoir de Vérité (mai 2008), Scandales sous Yayi (décembre 2008) et 2011...?! Chroniques d'une élection annoncée fatidique (décembre 2009)
  • Journaliste et écrivain béninois engagé. Auteur des livres: Liberté et Devoir de Vérité (mai 2008), Scandales sous Yayi (décembre 2008) et 2011...?! Chroniques d'une élection annoncée fatidique (décembre 2009)

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16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 11:50

Pour célébrer l’an un de son second mandat, le président Boni Yayi s’est offert le ministère de la Défense nationale. Le PRD lui, a choisi de lui faire cadeau d’une opposition légale et formelle. L’emballage paraît beau mais le contenu pourrait être moins attirant. L’attitude soliste du parti de Me Adrien Houngbédji pourrait mettre en difficulté l’Union fait la Nation, sans pour autant inquiéter véritablement le pouvoir.

 

 

L’on a régulièrement reproché aux forces politiques critiquant l’action du gouvernement, d’entretenir un clair-sombre incompréhensible quant à leur positionnement sur l’échiquier politique. L’on devrait donc, a priori, se réjouir de la clarification opérée par le PRD, en se déclarant officiellement de l’opposition et en envisageant d’accomplir les formalités administratives prévues à cette fin. A priori parce que, si formellement le parti a quelque mérite de faire cette clarification, en pratique, ce choix pourrait montrer des limites si ce n’est qu’il comporte des vices rédhibitoires qui pourraient corrompre l’idéal poursuivi.

Certes, l’on a encore en mémoire, les propos du président du PRD lors du congrès de son parti en février dernier, professant que son parti est de l’opposition et disant son espoir que l’UN l’est aussi. Et l’on n’a pas oublié que ses propos projetaient un PRD soucieux de préserver son identité même si, pour cela, il faudrait s’affranchir de l’UN. Aussi, cette attitude soliste du PRD, se déclarant de l’opposition, apparaît-elle comme une expression manifeste de ce souci d’affranchissement de l’UN qui est ainsi prise de vitesse. En réalité, l’idéal, sachant surtout que l’UN projette une convention nationale pour la fin de ce mois d’avril et que le PRD en est toujours officiellement membre, n’aurait-il pas été qu’à l’occasion, tout le groupe se prononçât d’une voix unique et forte. Cela aurait eu l’avantage d’entretenir sa cohésion et de lui donner davantage de relief aux yeux de l’opinion. Mais il est sans doute loin, très loin, le temps où ce qui les unissait était plus fort que ce qui les divisait. Et pourtant, le fait pour ce bloc de sauver sa cohésion et de rester fidèle à sa ligne en rajouterait probablement à sa crédibilité. Désormais, avec cette attitude du PRD, il faudra peut-être s’attendre à plusieurs pôles d’opposition si le reste de la troupe en arrivait à se déterminer aussi clairement. Subséquemment, il faudrait aussi s’attendre à plusieurs sons de cloche venant des rangs de l’opposition, parfois même divergents, ce qui aurait pour conséquence d’instaurer au mieux une concurrence interne à l’opposition dont chacune des sensibilités chercherait à s’imposer comme la locomotive, et au pire une cacophonie des ambitions et des positions que ne manquerait pas d’exploiter l’adversaire pour mieux les combattre. L’opposition, au lieu d’être renforcée par cette attitude du PRD, s’en trouverait donc plutôt fragilisée et exposée à la déchirure interne. Ce seraient là les effets d’un premier vice. Mais, sait-on jamais, en se positionnant officiellement comme parti d’opposition, en étant le premier à le faire, le PRD nourrit peut-être des calculs stratégiques…

 

Un lot de consolation pour Adrien Houngbédji ?

 

Après le rendez-vous manqué de la dernière présidentielle et alors qu’il aurait pu prendre sa retraite, le président du PRD s’est plutôt confortablement repositionné à la tête de son parti et professait vouloir servir son pays autrement qu’en étant président de la République ou député. La nouvelle chaire d’où il entend dispenser ses efforts au profit du Bénin serait-elle celle de chef de file de l’opposition ? Si l’idée n’a pas été mûrie par le PRD avant ou pendant son dernier congrès ordinaire, elle est peut-être apparue depuis lors comme une aubaine stratégique. Ainsi, en formalisant et en assumant son statut de parti d’opposition, le PRD offrirait à son président, comme lot de consolation, d’être toujours un personnage officiel de la République, le poste de chef de file de l’opposition étant reconnu et encadré par la loi, même si jusqu’ici le décret d’application de la loi qui l’institue a toujours été dénoncé par les opposants au pouvoir, notamment le PRD, comme fixant des prérogatives a minima pour son titulaire. Et là-dessus, on attendra de voir le contenu de la proposition de loi rectificative qu’entend introduire le PRD à l’Assemblée nationale aux fins de modifier le contenu actuel de la loi portant statut de l’opposition. Cette initiative du PRD, si elle vise à améliorer sensiblement le sort du titulaire de la charge de chef de file de l’opposition, se révélerait comme le deuxième vice de la démarche du parti, en ce qu’elle projetterait de lui l’image d’un parti qui entend alourdir le train de vie de l’Etat par les temps qui courent et qui appellent à l’austérité. Pis, une telle initiative ne serait pas porteuse de sérieuses chances de prospérer car, pour ce faire, il faudrait convaincre les autres composantes de l’Assemblée nationale, majoritairement de la mouvance présidentielle. Or, ce qu’il reste de l’Union fait la Nation, au regard de la démarche soliste du PRD, pourrait se sentir frustrée et le laisser faire cavalier seul, histoire de lui montrer que seul, il ne peut grand-chose. Et, à moins d’un deal avec le pouvoir en place et ses députés, la proposition du PRD serait mort-née. De quoi le décrédibiliser encore plus…

Enfin, l’efficacité de l’attitude du PRD serait appréciée aussi à l’aune de la personne que ce parti positionnerait comme chef de file de l’opposition au cas où il ne subirait pas la concurrence du reste de l’UN qui apparaît plus représentative en nombre et dont une déclaration formelle d’opposition pourrait fausser les calculs des « Prdistes ». Positionner Adrien Houngbédji apparaîtrait comme contenter ce dernier d’un vulgaire lot de consolation. Dans le même temps, ce ne serait pas un investissement politique rentable à terme, l’idéal devant être de mettre sur orbite, dans ces fonctions, quelqu’un qui représenterait l’alternative et incarnerait, en même temps, une promesse d’alternance pour 2016 par exemple. Ce à quoi ne peut plus aspirer le président du PRD dans les conditions légales actuelles. A moins que l’objectif soit, que dans ces fonctions, il réalise un formidable travail de sape des actions du pouvoir, et prenne les coups pour son futur joker, membre ou non du PRD, préservant ainsi celui-ci pour lui permettre ensuite d’engranger les dividendes de la lutte au nom de l’opposition, ou, s’il était de la mouvance, pour faire office de dernier recours. Seulement, pour ce faire, il faudrait que ce joker soit d’une représentativité incontestable.

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