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  • : Le Blog de Wilfried Léandre HOUNGBEDJI
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  • Wilfried Léandre HOUNGBEDJI
  • Journaliste et écrivain béninois engagé. Auteur des livres: Liberté et Devoir de Vérité (mai 2008), Scandales sous Yayi (décembre 2008) et 2011...?! Chroniques d'une élection annoncée fatidique (décembre 2009)
  • Journaliste et écrivain béninois engagé. Auteur des livres: Liberté et Devoir de Vérité (mai 2008), Scandales sous Yayi (décembre 2008) et 2011...?! Chroniques d'une élection annoncée fatidique (décembre 2009)

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24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 20:15

Le propre de l’aigle royal, c’est de voler haut, très haut avec percussion et majesté. Dans le ciel politique béninois si souvent agité, donc difficile à négocier, le néo démissionnaire (malgré lui ?) de la Renaissance du Bénin ambitionne d’être un aigle royal. Une ambition qui nécessite une volonté d’airain et des moyens colossaux. En dispose-t-il ?

 

 

La Renaissance du Bénin, le parti de ‘’maman’’ légué à l’héritier Léhady a connu bien des tourmentes. Autant du temps de ‘’maman’’, la fondatrice adulée par les uns et décriée par les autres mais crainte de tous, même en ces temps où l’énergie physique se raréfie chez elle, qu’avec Léhady Soglo. S’il a indubitablement, du fait des démissions et autres crocs-en-jambes de membres éminents passés à l’adversaire ou à la trappe, souvent perdu des plumes, le parti a souvent su s’éviter le pire et réussi, bon an mal an, à se relever après les secousses. Or, dans le même temps, les démissionnaires et autres bannis n’ont que très rarement réussi une nouvelle vie politique en cessant de battre pavillon R.B. Leur départ volontaire ou leur exclusion a plutôt, la plupart du temps, profité à d’autres formations politiques dont ils vont grossir les rangs et risquer la discrétion, voire la disparition. Car, s’ils étaient des astres à la R.B., gravitant autour de la galaxie Soglo, ils courent le risque, dans leur nouveau ciel, de n’être que de petites étoiles en extinction. Ce sort, Epiphane Quenum et Ali Camarou (moins connu), ne se le rêvent pas, ne se le destinent pas.

 

Secouer le cocotier R.B.

 

Voilà pourquoi leur ‘’aigle’’ entend mettre le cap sur la mairie de Cotonou. Son firmament à lui, c’est donc la mairie de Cotonou. A ce propos, le néo président de parti, de son RDR, révèle : « Je pense que l’aigle se posera sur la mairie de Cotonou pour aider les administrés à obtenir ce qu’ils espéraient tant de la mairie de la ville ». Pas besoin de lire au microscope pour comprendre qu’Epiphane Quenum décrie ainsi la gestion de la mairie de Cotonou. S’il y avait mauvaise gestion, quand cela aurait-il commencé et où étaient Epiphane Quenum et les siens ? En tout cas, ils laissent ainsi entendre qu’ils veulent s’attaquer à la forteresse RB. Pourtant, sur les lieux mêmes de l’officialisation de son parti et quelques instants seulement avant, Epiphane Quenum disait n’être en guerre contre personne et surtout pas contre les Soglo. Comment envisage-t-il donc aller à l’assaut de la municipalité sans déclarer la guerre aux locataires actuels ? En a-t-il les moyens ? Au plan politique, il faut toutes proportions gardées et compte tenue de la dynamique de l’échiquier politique national, douter qu’Epiphane Quenum ait la carrure pour défier les Soglo et incarner les aspirations des populations de la ville de Cotonou ; même s’il entend s’appuyer sur els jeunes et les masses populaires. Il faut aussi douter qu’il dispose de moyens financiers conséquents, comme la pratique politicienne impose jusqu’ici d’en avoir pour entreprendre les batailles électorales, pour les mettre en difficulté. Et là-dessus, il ne faudra pas se méprendre sur les populations, même si elles ont été massivement présentes au palais des sports (peu importe comment elles y sont allées), ni sur la disponibilité de tous ceux qui se réjouissent aujourd’hui de la naissance du RDR, à l’accompagner financièrement. Il ne faut davantage pas penser que la jeunesse est dupe à ce point, pour croire que le responsable de ce nouveau parti, qu’elle a du reste vu longtemps sur la scène,  soit l’oiseau rare (l’aigle justement), qui s’investirait vraiment à sa cause pour œuvrer à lui bâtir un avenir à la hauteur de ses ambitions. Du reste, elle s’interrogerait sur ces réelles motivations et se demander pourquoi depuis, alors que les mêmes faits qu’il dénonce aujourd’hui l’ont été bien longtemps avant par d’autres, il n’avait pas cru devoir partir.

 

Commis aux petits boulots ?

 

Mais, dans la droite ligne de la dynamique annoncée, il faudrait s’attendre à voir Epiphane Quenum se battre de toutes ses forces, aux côtés d’autres, pour débusquer les Soglo de l’hôtel de ville de Cotonou. Un combat à l’issue duquel il ne sera certainement pas le mieux servi. Car à la vérité, certains parmi les témoins de la naissance du RDR, qui luttent depuis et ne cachent plus leur volonté de déménager la R.B. de la mairie, auront tout intérêt à prendre Epiphane Quenum et tous autres démissionnaires qui s’y prêteraient, comme le gage d’une certaine mauvaise gestion des hommes par les Soglo, et, peut-être aussi, pour se faire filer certain filons précieux à exploiter pour secouer le cocotier et en faire tomber des noix. Epiphane Quenum, ses alliés et leur RDR, à terme, seraient donc plus des adjuvants pour d’autres, plutôt que des artisans de leur propre émancipation. Mais, dans ce combat, s’ils savent négocier leur collaboration, ils pourraient voir tomber dans leur escarcelle, quelque strapontin en guise de désintéressement. Ce serait déjà peut-être ça pour eux. De même que leurs alliés du moment, les sachant bien fragiles et les imaginant, par suite, plus ou moins perméables à certaines propositions, pourraient les utiliser aussi au coup par coup, pour gérer certaines situations, certains petits coups politiques, afin de leur donner l’impression qu’ils comptent et qu’ils peuvent faire mal…

Ce qui ferait finalement voler à basse altitude l’aigle royal.

Dans tous les cas, cette nouvelle vague de démissions devrait amener les responsables de la RB à se remettre en cause, à marquer un arrêt pour inventorier leur gestion du parti et des hommes.   

 

Publié dans La Nation du 24 septembre 2013

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