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DANGOTE et nous sommes sauvés !
Nous avons des problèmes de disponibilité de l’énergie électrique, c’est connu. Nous avons de gros et très gros problèmes d’emploi des jeunes, c’est tout aussi connu. La liste des problèmes peut être allongée à volonté, mais je m’en arrête là. Pour dire que, de toute évidence, nous avons de vrais problèmes. Et pour m’interroger aussitôt sur la qualité des solutions qu’on nous propose. Je ne dis pas déjà, à cette étape-ci, comme Me Joseph Djogbénou, « Nous avons de vrais problèmes mais vous, vous avez de très mauvaises solutions ». Mais je veux m’interroger sur les solutions qu’on nous propose.
On nous a présenté avec grands bruits médiatiques, le richissime nigérian, Aliko Dangote comme la nouvelle solution à nos problèmes. Grâce à « ses milliards », nous devrions avoir 200 mégawatts et voilà le délestage vaincu ! Nous devrions avoir davantage de ciment puisqu’il est déjà actionnaire à 43% de la Cimenterie d’Onigbolo. Du ciment à moindre frais peut-être. Nous aurions de nombreux emplois et nos jeunes sortiraient de la précarité puisqu’il devrait investir dans de nombreux secteurs de la vie socio-économique nous annonce-t-on. Bravo donc au gouvernement et à son chef, le président Boni Yayi, pour avoir réussi la « prouesse » de dégoter ce milliardaire, Dangote, qui va nous sauver de tous nos problèmes. Voilà pourquoi, on s’est dépêché de lui apposer au cou notre médaille de Commandeur de l’Ordre national du Bénin. Alors même que les promesses n’ont pas encore été accomplies, on peut s’interroger sur le bien fondé de cette décoration. Sous d’autres cieux, on parlerait sans doute de corruption d’Etat ; mais ne nous avançons pas vite en besogne ici. Demandons-nous si on a tiré leçon des cas passés, où des visiteurs étrangers du palais de la Marina ont reçu des décorations sans plus de suite pour notre pays. Le cas du Malaisien Zeynuddine est illustrateur et encore présent dans les esprits.
Et maintenant, demandons-nous, lorsqu’on s’extasie devant les étrangers présentés en sauveurs, si l’on sait seulement que ceux-là ont été faits par leurs Etats d’origine, par leurs dirigeants. Quant à nous, que faisons-nous pour promouvoir les nôtres ? Quand on voit par exemple que Dangote ambitionne d’investir dans le secteur de l’énergie, même si son propre pays n’a pas réglé ses problèmes en la matière, l’on doit se demander pourquoi des Béninois ne peuvent pas le faire. Et rappeler qu’il veut investir 150 milliards de FCFA et que pour ce faire le gouvernement a déjà signé un mémorandum d’entente avec lui. Pour souligner que lorsque Sébastien Ajavon a annoncé depuis des années vouloir investir dans ce secteur, on n’a pas vu un début de commencement, une diligence de l’Etat pour l’y aider. On doit se demander ce que nous faisons de nos opérateurs économiques nationaux. Les promeut-on ou les détruit-on ? Et si les autres pays ne faisaient la promotion de leurs opérateurs économiques, aurions-nous le loisir de nous afficher avec eux comme nous le faisons dans un élan jouissif à nul autre pareil ? Si les autres pays ne faisaient la promotion de leurs nationaux, aurions-nous le plaisir de noue extasier avec Dangote et autres Bolloré ?
Pardon, aidez nos opérateurs économiques nationaux à se mettre au service du pays. Aidez-les à aider nos jeunes.
Car ce n’est pas Dangote qui va nous sauver. Ce n’est pas Vincent Bolloré qui va nous sauver. Tout au plus, ils nous apporteraient une solution temporaire sans oublier d’engranger de substantiels bénéfices. La solution, c’est nous-mêmes. Ce sont nos propres opérateurs économiques. Alors, oui, nous avons de vrais problèmes. Mais en magnifiant les étrangers tout le temps, nous propose-t-on de vraies ou de mauvaises solutions ?
