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  • : Le Blog de Wilfried Léandre HOUNGBEDJI
  • : Actualités du Bénin, commentaires, analyses, opinions ...pour participer à la Refondation du Bénin
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  • Wilfried Léandre HOUNGBEDJI
  • Journaliste et écrivain béninois engagé. Auteur des livres: Liberté et Devoir de Vérité (mai 2008), Scandales sous Yayi (décembre 2008) et 2011...?! Chroniques d'une élection annoncée fatidique (décembre 2009)
  • Journaliste et écrivain béninois engagé. Auteur des livres: Liberté et Devoir de Vérité (mai 2008), Scandales sous Yayi (décembre 2008) et 2011...?! Chroniques d'une élection annoncée fatidique (décembre 2009)

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1 mars 2012 4 01 /03 /mars /2012 21:42

 

Il est des moments cruciaux où, en butte au bégaiement de son histoire, un peuple n’a de solution que de se retourner sur lui-même, de s’immerger dans ses propres profondeurs, pour y rechercher des trésors de confiance et de détermination afin de reprendre la marche vers son avenir. C’est ce que le Bénin a dû réaliser du 19 au 28 février 1990 avec l’inédite Conférence nationale des Forces vives. Vingt deux ans après, des voix prônent à nouveau des assises du même genre.

 

Quelques mois plus tôt en effet avant la tenue de la Conférence nationale, et jusqu’aux derniers instants, la menace objective d’une déflagration était évidente. Mais à coups de sacrifices, de renoncements, de compromis voire de compromissions, les fils du pays, rassemblés au PLM Alédjo, ont trouvé l’antidote au poison du conflit qui coulait inexorablement dans les veines du Bénin. Et voilà que la Conférence nationale, redoutée et dont la souveraineté a été un sérieux point d’achoppement entre participants qui ne voulaient pas être des faire-valoir, et autorités de l’époque qui soupçonnaient les participants de vouloir les prendre de court en faisant de leurs assises une Assemblée constituante, est devenue un symbole de cohésion retrouvée pour un peuple en proie à la déchirure sociale et politique, un symbole de consensus national. Un consensus qui ne durera pas bien longtemps, tant les divergences entre acteurs, les positionnements issus des élections qui ont immédiatement suivi, ont révélé que si les participants étaient partis au PLM Alédjo pour colmater les brèches et rechercher la paix, ils n’en étaient revenus qu’avec une paix factice, et après avoir simplement reporté l’échéance de l’éclatement au grand jour de leurs divergences profondes. Et de nombreux acteurs importants de ses assises accèderont très tôt à la froideur vis-à-vis du nouveau régime, celui de Nicéphore Soglo qu’ils trouvèrent somme toute pire que l’ancien, au point de travailler avec ardeur à y mettre fin cinq ans plus tard pour favoriser le retour aux affaires de l’homme qui incarnait l’ancien régime, le général Mathieu Kérékou. Faut-il rappeler que la candidature de Nicéphore Soglo, Premier ministre désigné par la Conférence, à la présidentielle de 1991, alors que d’après de nombreux acteurs de ladite Conférence, il était entendu qu’il n’aurait pas dû se présenter, semblait avoir précipité la rupture du consensus ?

Depuis, en tout cas, les lignes ont bougé, sérieusement ! L’esprit de consensus retrouvé et tant vanté semble s’évaporer et, chaque élection majeure organisée est l’occasion de menaces pertinentes à la cohésion politico-sociale. Ces dernières années tout particulièrement, le dialogue entre acteurs politiques d’une part, puis entre acteurs politiques et partenaires sociaux d’autre part, n’a pas toujours été chose évidente, en dépit des professions de foi et de bonne volonté des uns et des autres. L’on est toujours en quête, manifestement, de la bonne alchimie qui permettrait de réinventer ce gris-gris imparable nommé « consensus national ». Le gouvernement a donc décidé, espérant sans doute y dénicher un des ingrédients nécessaires à la cause, de consacrer la journée du 28 février, date de la fin des travaux de la Conférence nationale, comme Journée nationale du Consensus. Belle initiative s’il en est, elle pourrait cependant, à l’heure de se concrétiser, connaître quelques couacs. En effet, pour qu’il y ait consensus, il faut tout au moins qu’il y ait dialogue entre les parties. Or, aujourd’hui, ce dialogue n’est pas encore vraiment établi ; de sorte que l’état actuel des choses commande de se demander si l’on ne risque pas d’assister, en réalité, à une conversation à sens unique. Apparemment, les conditions des retrouvailles entre acteurs de toutes tendances ne semblent encore bien remplies. Raison pour laquelle la première édition de cette Journée du Consensus, initialement programmée pour ce 28 février, est reportée, d’après des sources proches du gouvernement, à l’année prochaine. Et cela confirme, à tout le moins, qu’il est besoin aujourd’hui encore, de réinventer le consensus national qui est apparu, jusqu’ici, comme l’élément qui prolonge dans le temps, l’esprit de la Conférence nationale.

Cet esprit de la Conférence nationale, s’il n’a disparu, a dû s’altérer sérieusement et mériterait d’être consolidé. Et pour nombre d’observateurs de la vie socio-politique nationale, il faudrait organiser, à tout le moins, de nouvelles assises dans le genre de la Conférence nationale. Dialogue national ? C’est ce que propose une tendance quand d’autres comme l’excellent et célèbre rapporteur des assises de 1990, Albert Tévoédjrè, en appellent à une « nouvelle Conférence nationale de sursaut patriotique ». Ainsi dit, c’est que de l’avis de l’homme politique expérimenté et plus généralement des défenseurs de cette option, cette denrée précieuse que constitue le patriotisme nous fait cruellement défaut. Or, sans patriotisme, que peut-on bâtir de grand et beau au nom de son pays ? Saurons-nous donc retrouver cette denrée ? Les parties finiront-elles par se parler, et ce franchement ? Un proverbe sénégalais enseigne que « Deux hommes qui se disputent sont deux hommes qui n’ont pas discuté ».     

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